« Toute la chaîne d’activité a été maintenue » affiche Chantal Cor, présidente d’Agrolab’s, la structure qui rassemble désormais les laboratoires interprofessionnels d’Aurillac (ex-Lial MC), d’Auch et Clermont-Ferrand.
Conformément aux recommandations et accords du Cniel, l’interprofession laitière nationale, le protocole d’analyses pour le paiement à la qualité du lait a été allégé mais seules les analyses butyriques et lipolyse ont été suspendues en avril. Deux critères dits optionnels qui n’influent pas sur la qualité sanitaire du lait, précise d’emblée la présidente en ajoutant que la traçabilité ascendante est cependant toujours assurée avec des contrôles aléatoires sur les citernes : si un échantillon ressort positif aux inhibiteurs sur l’une d’elles, « on remonte jusqu’au producteur concerné » par cette présence d’antibiotiques.
Equipes dédoublées
Quelle incidence aura ce système allégé et l’absence de recherche des butyriques et d’analyse lipolyse pour le paiement à la qualité ? « Je ne sais pas quelle va être la position des entreprises, cela n’est pas de notre ressort mais j’espère qu’un producteur qui est toujours très bon sera payé sur ces mêmes bases et que le doute bénéficiera aux producteurs. De même, quelqu’un qui a, d’habitude, de moins bons résultats pourrait à mon sens ne pas être pénalité … » glisse Chantal Cor.
Pour faire face et assurer la continuité d’activité, le laboratoire s’est très rapidement organisé avec la mise en place, sur chacun de ses sites, de deux équipes indépendantes mobilisées alternativement matins et après-midi. De telle sorte qu’en cas de contamination ou suspicion de cas chez un salarié d’une équipe, la seconde soit en capacité de prendre le relais. Des salariés (210 au total dont 110 à Aurillac en temps normal) qu’il a bien fallu équiper, même si l’utilisation de gel hydroalcoolique et de masques était déjà de rigueur pour les analyses en microbiologie, « en milieux humides très contaminants ». On a commandé des masques jetables mais aussi en tissu et lavables chez Boisset (blanchisserie, NDLR) avec une prestation complète intégrant le lavage, ainsi que des visières pour le déconfinement et bien sûr on respecte les gestes barrière », indique la présidente.
Chute des analyses de lait
Si le laboratoire n’a jamais mis à l’arrêt ses installations, le volume d’analyses a nettement baissé : « Ce n’est pas de notre fait : tous les prélèvements qui nous ont été amenés ou qu’on a collectés ont été analysés », explique la productrice de lait de Rouziers. Agrolab’s a enregistré sur l’ensemble de ses sites une chute du nombre d’échantillons pour le contrôle laitier, toutes espèces confondues, suite à de fortes restrictions d’activité des contrôles laitiers et aux difficultés des opérateurs des filières fromagères AOP d’Auvergne. Sur le site d’Aurillac, entre les semaines 12 (début du confinement) et 17 (du 14 avril), cette érosion a atteint entre 50 et 60 % ; chez son homogue clermontois baisse plus sensible encore, de l’ordre de – 60 à -70 %.
Sur Auch, le repli dépasse les 70 %. Egalement impacté : le volume d’analyses sur l’agroalimentaire, les plats cuisinés, steaks hachés …
De ce fait, comme dans une majorité d’entreprises, on a jonglé entre les pauses de congés, arrêts pour garde d’enfants, … et chômage partiel sachant que le télétravail sachant que le télétravail n’a pu concerner que 10 % de l’effectif total. La gestion budgétaire se veut forcément encore plus rigoureuse. « On avait un budget relativement ambitieux, sur lequel on a aujourd’hui quand même quelques craintes », concède Chantal Cor.
Depuis le 1er mai, Agrolab’s a repris les deux dénombrements mensuels de spores butyriques et l’analyse hebdomadaire lipolyse « mais on se réserve jusqu’au 25 mai pour décider de reprendre ou pas les analyses systématiques de tous les enlèvements ; aujourd’hui c’est prématuré, car on ne sait pas quel effectif sera disponible sur site et ce qu’on veut éviter, c’est de faire le yoyo ». Une nécessaire lisibilité pour les producteurs auxquels des SMS ont été envoyer pour les informer des évolutions depuis le 17 mars, « mais on n’a pas le portable ni le mail de tous, aussi, quand on a commencé à refaire les analyses butyriques, on a sollicité les entreprises pour qu’elles fassent passer l’information ». « Le pire pour une entreprise, c’est de relancer les machines après arrêtées, nous, cera compliqué comme partout mais on a cette chance de n’avoir jamais arrêté », fait valoir la présidente d’Agrolab’s.
11/05/2020 -